De l’eau pour le climat – un nouveau paradigme de l’eau

Présentation du livre "Water for the recovery of the climate: a new water paradigm" en accès libre sur le site web de waterparadigm.org

L’eau disponible dans la nature circule selon des cycles qu’on appelle grand et petit cycles de l'eau. En transformant systématiquement les territoires naturels en terres cultivées, l’activité humaine accélère le ruissellement des eaux de pluie vers la mer. La diminution de l’évaporation et de l’infiltration de l’eau dans le sol affecte négativement l'approvisionnement en eau du petit cycle de l’eau. L'équilibre du petit cycle de l'eau étant perturbé, il s'ensuit une dégradation progressive des terres.

S'il n'y a pas assez d'eau dans le sol, en surface et dans les plantes, les flux immenses d'énergie solaire qui ne peuvent plus se transformer en chaleur pour l'évaporation d'eau se transforment en chaleur sensible. La surface du sol s'échauffe rapidement ce qui provoque une rupture dans l'approvisionnement en eau à partir du grand cycle de l'eau sur le territoire affecté. Des processus locaux s’étendant sur de vastes zones habitées et exploitées par les êtres humains se transforment en processus globaux et en processus qui se produisent sans l’intervention des êtres humains. Tout cela crée le phénomène qu’on appelle changement climatique global. Ainsi, la part du changement climatique causée par les activités humaines repose en grande partie sur le drainage de l'eau de la terre. La perturbation du petit cycle de l'eau s’accompagne donc par l’apparition progressive de conditions météorologiques extrêmes, une diminution des réserves d'eau souterraine, des inondations plus fréquentes, des périodes de sécheresse plus longues et une augmentation de la pénurie d'eau dans la région.

La part du changement climatique qui découle des activités humaines (drainage d'une région), peut toutefois être inversée par une activité humaine systématique contraire (apport d'eau dans une région). L'apport d'eau peut s’obtenir par la saturation du petit cycle de l'eau en veillant à la conservation des eaux de pluie et en favorisant l’infiltration et l'évaporation. Ces actions peuvent favoriser la restauration du petit cycle de l'eau dans une région et contribuer à inverser la tendance au changement climatique: cela peut, afin d'atténuer la propension régionale au réchauffement, limiter les événements météorologiques extrêmes et assurer une augmentation des réserves d’eau dans le territoire.

Cependant, la restauration du petit cycle de l'eau dans une zone ne dépend pas seulement de l’étendue des dommages dans cette même zone mais également d'un certain nombre d'autres facteurs. Dans le cas de la Slovaquie, nous pouvons nous attendre à des résultats visibles assez rapidement (dans 10 à 20 ans) après la mise en œuvre de mesures spécifiques. Les coûts financiers de ces mesures sont modestes; il s’agit de sommes qui peuvent être allouées par des budgets provenant des secteurs public et privé. L’appui pour la mise en œuvre de mesures extensives devrait être accordé au prorata de chaque m3 de réservoir bâti dans la terre ou selon une évaluation des mesures anti-érosion effectuées. Jusqu'à la restauration du petit cycle de l'eau et au retour à un équilibre stable de l'eau dans la région, la mise en oeuvre des mesures de préservation de l'eau devrait remplacer les plans d'investissement antérieurs, qui n’auront servi qu’à accélérer le ruissellement de l'eau.

La conservation "in situ" de l'eau de pluie sur la terre et l'évacuation uniquement de l'excédent d'eau d'une région est la condition "sine qua non" pour assurer la sécurité environnementale, la stabilité mondiale et le maintien de la croissance économique. Leur réalisation relève de l’intérêt de chaque individu et de chaque communauté. C’est la première fois dans l'histoire de l'humanité que l'impact des activités de l'homme sur le cycle de l'eau et que la diminution de la quantité d'eau disponible dans ce cycle devront à être évalués. "Pas une seule goutte d'eau ne devrait être autorisée à s’écouler dans la mer sans d'abord avoir été utilisée pour le bénéfice des populations... " - rien n’illustre le nouveau paradigme de l’eau avec plus d’éloquence que cette déclaration de Parakramabahu le Grand (1153-1186), roi du Sri Lanka, déclaration qui dans les prochaines décennies devrait servir de slogan pour l'humanité, véritable appel pour la préservation de la civilisation.