Lettre demandant la libération de Javier Ramírez
Javier Ramírez, président de la communauté de Junín dans la vallée d'Intag en Equateur a été emprisonné début avril. Ce village se trouve à proximité du gisement de cuivre du mega projet minier de Llurimagua (anciennement projet Junín), actuellement aux mains de l'entreprise chilienne d'Etat Codelco. Javier Ramírez est accusé de rébellion, sabotage et terrorisme. L'ordre de détention vient du procureur de Cotacachi, le canton dont dépend la vallée d'Intag.
De nombreuses organisations sociales, environnementales et humanitaires dont l'European Water Movement dénoncent cette manœuvre et la politique de criminalisation des luttes sociales et écologiques que mène le gouvernement de Correa et demandent la libération de Javier Ramírez.
23 avril 2014
Aux Président, Ministres et Députés, Aux autorités judiciaires, Aux autorités du Cantón Cotacachi et de la zone d’Intag
Les organisations sociales, écologistes et de défense des droits de l’homme exigent la liberté immédiate et l’abandon des charges contre Javier Ramírez, président de la communauté de Junín.
Le 10 avril 2014, à 20h, Polivio Pérez et Javier Ramírez, dirigeants communautaires de la zone d’Intag-Cotacachi, province d’Imbabura, ont été arrêtés.
Depuis, Mr. Javier Ramírez, président de la communauté de Junín, est gardé en détention pour 30 à 90 jours de prison préventive au titre de “présomption de délit de rébellion contre l’administration publique ”. Mr. Ramírez est une personne pacifique, respectée et qui ne mènerait sous aucun prétexte des actes de « rébellion ». Bien au contraire, Mr. Ramírez est, tout comme ses voisins, internationalement reconnu comme un des défenseurs de ce que sa communauté a mis en place, un projet de production respectueuse de la forêt, de la biodiversité et de la nature qu’elle a réussi à consolider au cours des années et pour lequel nous éprouvons du respect et de l'admiration.
En tant qu’organisations engagées pour la défense des droits de l’homme et de la nature, nous sommes préoccupées par ces faits qui ont lieu en Equateur, pays qui a ratifié de multiples traités internationaux garantissant le respect des droits de l’homme, ainsi que de ceux qui défendent ces droits, pays dont la Constitution établit le droit à l'eau comme droit fondamental, garantit la souveraineté alimentaire, reconnaît le droit à la résistance face aux actions et omissions du pouvoir public ou des personnes physiques ou morales qui portent atteinte ou peuvent porter atteinte aux droits constitutionnels.
La nouvelle de la détention de Javier Ramírez ressemble à une répétition du cauchemar qu’Intag a eu à vivre dans le passé, amplement documenté par de nombreuses organisations, défenseurs des droits de l’homme, reporters, universitaires etc., à savoir : la violation des droits par des menaces de déplacement forcé, pollution de l’eau et des sols, criminalisation des leaders communautaires, paramilitarisme et corruption sous les mandats des précédents gouvernements.
Plusieurs leaders communautaires détenus antérieurement ont été relaxés et aucune charge n’a été retenue contre eux. L’opposition des communautés d’Intag aux projets d'extraction minière industrielle à ciel ouvert et à grande échelle n’est pas une opposition arbitraire, elle est nourrie par des études approfondies et des analyses, menées à la fois par les communautés et par les autorités locales, des impacts qu’une telle industrie impliquerait partout et pour tous en Intag.
Respectez la volonté communautaire et ne criminalisez pas les membres des communautés.
Nous exigeons :
- Une clarification au sujet de l’information paru dans le journal "El Norte" du samedi 12 avril 2014 affirmant : «le mandat d'arrêt n'était pas pour cette personne et hier matin les autorités ont changé le texte".
- La libération immédiate de M. Javier Ramírez et l'abandon des charges.
- Une explication complète de ce qui s'est passé et des précisions sur les circonstances exactes de cette détention illégale.
Merci beaucoup et sincèrement.