La Red Agua Publica soutient le processus de remunicipalisation dans l’intercommunalité de Los Molinos, Badajoz

 

dénonce les obstructions de l'ancien concessionnaire et la désinformation de la Fédération de l'Industrie, de la Construction et de l'Agro de l’UGT Extremadure.

Le 1er janvier 2019, l’intercommunalité de Los Molinos a remunicipalisé le service d'approvisionnement en eau en le confiant au Consorcio de Gestión de Servicios Medioambientales de la Diputación de Badajoz (Promedio) après l'expiration, le 31 décembre, du contrat en vigueur depuis 25 ans avec la société Aqualia. Ainsi, le système d'approvisionnement en eau potable de 60 000 habitants de douze localités est revenu à la gestion publique directe.

Cependant, ce processus n'a pas été exempt de problèmes et d'actions d'obstruction de la part d'Aqualia qui, avec la remunicipalisation, voit ses perspectives d'expansion limitées, et de la part de la Fédération de l'Industrie, de la Construction et de l'Agriculture de l'UGT (FICA-UGT) d'Extremadure qui, pendant les jours précédant la remunicipalisation, a désinformé et semé le trouble sur la situation des travailleurs et leurs droits ; et a même menacé d’attaquer en justice le processus sous prétexte de l'impossibilité pour les travailleurs de la société concessionnaire d’être repris par Promedio. Face à cette position de la FICA-UGT contre la remunicipalisation, la Fédération des Services Publics de l'UGT (FeSP-UGT) d’Extremadure, a exprimé son accord total avec le processus, encourageant même l'Administration à l'étendre à tous les services qui étaient auparavant sous-traités.

La position de la FICA-UGT dans cette affaire n'est pas surprenante, si l'on considère que nombre de ses analyses sur les remunicipalisations coïncident avec celles des opérateurs privés, notamment en ce qui concerne le statut des travailleurs dans la gestion privée. Ces positions concordantes sont devenues plus claires après l'accord signé par la Fédération des Industries et Travailleurs Agricoles de l'UGT -ancêtre de FICA-UGT-, et l'Association Espagnole des Sociétés de Gestion des Services d'Eau Urbainne (AGA) en mars 2016 pour promouvoir le secteur de la gestion du cycle intégral de l'eau urbaine.

Ce qui est certain, c'est que la remunicipalisation à Los Molinos s'est matérialisée par la reprise dans les mêmes conditions que dans leurs contrats initiaux de huit des neuf travailleurs qui ont été intégrés dans le service, avec la garantie de conserver les mêmes conditions de travail. De même, de nouveaux investissements sont prévus pour pallier aux manques d’Aqualia. Enfin, les coûts de service seront gelés et tous les éventuels bénéfices seront entièrement réinvestis dans le service d'approvisionnement lui-même.

La Red Agua Publica (RAP) soutient fortement la remunicipalisation à Los Molinos et les mesures ultérieures adoptées par Promedio, avec la conviction qu'elles se traduiront par de meilleurs niveaux de service et des pratiques de gestion conformes au droit humain à l'eau.

La RAP attire l'attention sur le fait que la progression de la remunicipalisation des services d'eau et d'assainissement, qui a connu un essor notable surtout après 2015, va s'intensifier dans l'immédiat, étant donné qu'il existe de nombreuses concessions pour ces services qui prennent fin en 2019 et 2020, et que les pouvoirs locaux ont souvent la volonté politique de revenir en gestion publique. Dans ce contexte, on peut prévoir l'opposition frontale de l’organisation patronale AGA, de l'Association espagnole d'approvisionnement en eau et d'assainissement (AEAS) et des sociétés concessionnaires elles-mêmes avec Suez, Aqualia et Acciona en tête, comme en témoignent les cas d'Arteixo, Valladolid et Terrassa, et comme cela a été sensible à Los Molinos.

Mais cette opposition, qui répond à des intérêts économiques et à une vision politique et idéologique particuliers, ne s'est pas seulement manifestée contre la remunicipalisation des services lorsque la concession a pris fin; elle a également tenté de paralyser la participation citoyenne qui exige la gestion publique de l'eau et la capacité des citoyens à décider eux-mêmes des modèles de gestion des services d'eau, en accord avec le droit humain à l'eau. Un cas exemplaire est l'opposition frontale de Suez à la consultation sur le modèle de gestion, portée par le mouvement public et démocratique pour l'eau à Barcelone.

La RAP exige une gestion publique et démocratique des services d'eau et d'assainissement, s'oppose à leur privatisation et soutient la remunicipalisation de ceux qui, dans le passé, étaient délégués au privé. Dans ce contexte, nous demandons aux opérateurs publics de reconsidérer leur appartenance à AGA et AEAS, puisqu'en pratique ces organisations sont promoteurs et défenseurs de la gestion privée. 

Janvier 2019