Sécheresse et canicule : des centrales nucléaires françaises en surchauffe
Ces dernières années, les fortes chaleurs se font plus intenses et plus fréquentes, une tendance malheureusement appelée à se confirmer. Or les sécheresses et les canicules viennent accroître les nuisances générées par le fonctionnement habituel des centrales nucléaires. En outre, elles rajoutent des risques supplémentaires pour la sûreté et peuvent imposer l’arrêt des installations.
En été, le nucléaire fait – encore plus – souffrir les cours d’eau
Les centrales nucléaires prélèvent dans les mers, fleuves et rivières d’importantes quantités d’eau (représentant plus de la moitié du volume prélevé en France), dont une partie est restituée dans l’environnement sous forme de vapeur d’eau. En outre, même en fonctionnement normal, elles rejettent dans les fleuves et rivières de l’eau plus chaude, mais aussi des substances chimiqueset radioactives (notamment du tritium, dont des concentrations non négligeables ont récemment été retrouvées dans la Loire).
Lorsque la température augmente et que le débit des cours d’eau diminue, l’impact de ces nuisances s’accroît. Les milieux aquatiques, déjà fragilisés, sont mis à rude épreuve par la moindre dilution des polluants et par les rejets d’eau chaude. Ceux-ci agissent comme une barrière qui réduit considérablement les chances de survie des poissons grands migrateurs, comme les saumons et truites des mers.
Certes, passé un certain seuil, des mesures sont mises en œuvre par EDF. Mais celles-ci connaissent aussi leurs limites. Ainsi, pour chaque site, la réglementation fixe une température maximale à ne pas dépasser en aval (26°C pour Bugey, 28°C pour Fessenheim…), faute de quoi la centrale est censée s’arrêter. Toutefois, EDF obtient bien souvent des dérogations. Suite à la canicule de 2003, la réglementation site par site a été assouplie. Et si, en cas de "canicule extrême et nécessité publique", les limitations habituelles ne peuvent être respectées, un décret de 2007 autorise à modifier encore les conditions de rejets thermiques ! Les poissons apprécieront...
Concernant les rejets de substances chimiques et radioactives, la réglementation impose, lorsque le niveau des cours d’eau devient trop bas, de les stocker dans des réservoirs, nommés « bâches ». Mais les capacités de stockage sont limitées, et ce alors même que la consommation de produits chimiques est plus importante en été pour éviter la prolifération des amibes. En outre, à la fin de la saison, ces polluants sont finalement rejetés et il n’est pas garanti que les différents sites nucléaires situés au bord du même fleuve (Loire ou Rhône) se concertent pour éviter d’effectuer ces rejets massifs en même temps. Or un grand nombre de communes prélèvent leur eau potable dans ces cours d’eau…
Quand les cours d’eau ne peuvent plus refroidir les centrales
Un débit suffisant est indispensable pour refroidir les réacteurs, faute de quoi les réacteurs doivent procéder à une baisse de puissance, voire s’arrêter. En outre, la température de l’eau ne doit pas dépasser un certain seuil, sans quoi le refroidissement n’est plus efficace.
Pour soutenir le débit des cours d’eau, EDF joue sur les barrages et retenues en amont… quitte à ce que le refroidissement des centrales passe avant d’autres usages.
Dès l’origine, des doutes ont été exprimés quant à la capacité de certains cours d’eau à assurer un refroidissement correct.
Cette problématique est devenue plus lourde ces dernières années. En 2003, un quart du parc a dû être arrêté. En 2018, une demi-douzaine de réacteurs ont dû voir leur puissance réduite et quatre autres ont été arrêtés (plus d’informations). Alors que le ministère de la Transition Énergétique prédit une baisse de 10 à 40% du débit moyen des cours d’eau à l’horizon 2050-2070, cette tendance devrait s’accentuer.
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