Positionnement de la RAP sur les propositions de programme gouvernemental du PSOE et de UP

 

La Red Agua Pública (RAP) déplore que les propositions présentées par le Parti Socialiste (PSOE) et Unidas Podemos (UP) pour l’adoption d'un programme gouvernemental n'incluent pas ses revendications fondamentales sur le cycle intégral de l'eau urbaine.

La RAP, bien qu'elle n'ait pas été consultée lors de la rédaction de ces deux documents, avait adressé ses revendications aux deux formations politiques.

À l'occasion des négociations visant à convenir d'un éventuel programme gouvernemental, le PSOE et UP ont récemment publié des documents résumant leurs approches programmatiques respectives. À la fin du mois d'août, UP a présenté ses propositions de reprise du dialogue en vue d'un accord global de coalition gouvernementale, tandis que le PSOE a présenté au début du mois de septembre sa proposition ouverte pour un programme commun progressiste. La RAP se déclare préoccupée par le fait qu'elle n'a pas été consultée lors de la rédaction des deux documents et, en particulier, parce que les documents susmentionnés n'incluent pas ses demandes concernant le cycle intégral de l'eau urbaine, malgré qu'elle les ait transmises au PSOE et à UP, de même qu'aux autres partis représentés au parlement.

Étonnamment, les approches programmatiques du PSOE et de UP sur l'eau coïncident littéralement, à quelques nuances près, avec la dénonciation explicite de la marchandisation de l'eau par UP. Dans les deux cas, la question des ressources en eau est envisagée de manière confuse et incomplète ; en particulier, concernant la politique de l'eau dans le contexte de la transition écologique de l'économie, il est proposé (point 267 du PSOE et 14 de UP) d'augmenter les ressources disponibles, en y associant développement de technologies, contrôle de la consommation et de la qualité, gestion des aquifères, Pacte national de l'eau, mais sans aucun contenu précis. Cette approche correspond très peu à une transition écologique et est en contradiction flagrante avec le diagnostic posé dans l'Accord social pour l'eau en défense de nos fleuves et pour l'eau publique, signé en 2018 par la RAP et des dizaines d'organisations de la société civile. L'Accord stipule qu'il est nécessaire d'inverser la croissance non durable de la demande en eau, tant pour l'irrigation que pour les utilisations urbaines et industrielles, qui est actuellement l'un des principaux obstacles pour parvenir à une utilisation durable de l'eau et au bon état écologique de nos écosystèmes, tout en rejetant comme inefficaces les initiatives visant à assure un approvisionnement fondé sur de nouvelles retenues et de nouveaux transferts d’eau. Il nous parait fondamental de reconsidérer les objectifs des propositions de ces deux formations politiques dans le sens indiqué dans l'Accord social.

En ce qui concerne plus particulièrement les services eau potable et assainissement, le PSOE et UP les abordent dans deux parties où ils sont mentionnés avec les services énergétiques - électricité et gaz - (186 PSOE et 16 UP en relation avec la pauvreté énergétique, et 246 PSOE et 1 UP dans la section sur les urgences climatiques). D’une part, il est admis l'interdiction des coupures d’eau et d’électricité dans les situations de vulnérabilité économique et sociale dans le contexte de la pauvreté énergétique, mais sans considérer que la pauvreté hydrique a des spécificités importantes qui doivent être prises en compte différemment des autres services publics. D’autre part, il est admis la nécessité de définir l'accès à l'eau et à l'énergie comme des services d'intérêt général, alors que c’est déjà le cas dans le cadre de l'Union européenne.

Ni le PSOE ni UP n'abordent les principaux enjeux et défis des services du cycle intégral de l'eau urbaine, qui sont synthétisés dans le document présenté sur ce sujet par la RAP aux candidats aux élections d'avril 2019. En ce sens, il est fondamental que l'engagement de reconnaître juridiquement au plus haut niveau le droit humain à l'eau et à l'assainissement soit assumé, car, dans le respect des compétences et de l'autonomie municipales, il définit un nouveau paradigme pour réglementer l'accès à l’eau potable et à l'assainissement en reconnaissant expressément le rôle majeur des citoyens dans sa gestion, comme titulaires du droit, avec les municipalités comme titulaires des services. Le nouveau cadre réglementaire doit être conforme aux critères définissant ce droit humain : accès universel, non-discrimination, équité, participation active, libre et significative, accès à l'information, transparence et responsabilité ; critères qui caractérisent ensemble des modèles de gestion publique sans but lucratif, démocratiques et sous contrôle citoyen.

La proposition ne tient pas compte non plus des exigences fondamentales de la RAP pour sécuriser la gestion publique, telles que l'interdiction des redevances de concession - véritables germes de corruption - et l'abrogation de la législation promue par le PP visant à favoriser la privatisation des services et à entraver, sinon à empêcher, leur financement public; nous faisons référence en particulier à la loi 27/2013 sur la rationalisation et la durabilité de l'administration locale, qui limite de manière injuste le financement public et l'autonomie locale, notamment pour les petites municipalités.

En résumé, nous considérons que les propositions du PSOE et de UP ne contribuent pas à résoudre les principaux problèmes de l'eau et de ses services publics associés. Nous faisons appel à la raison et nous demandons que soient pris en compte les exigences de la RAP, afin de progresser dans la solution des problèmes liés au cycle intégral de l'eau urbaine.

Traduction en français d'un communiqué de presse de la Red Agua Pública
daté du 9 septembre 2019

Pour plus d'information :

Pedro Pablo Serrano Barquero (649824397)
Gonzalo Marín (646559647)

https://redaguapublica.wordpress.com/