Urgence coronavirus : le gouvernement italien doit garantir l'accès à l'eau et à l'assainissement pour tous
Rome, le 9 mars 2020
Il est clair que les mesures prises par le gouvernement pour contenir l’épidémie par le Coronavirus produisent un état d'exception et une mise en suspens substantielle de la démocratie.
Nous ne souhaitons pas nous lancer dans un raisonnement sur l'opportunité ou la nécessité de ces mesures, mais nous souhaitons plutôt mettre en évidence une contradiction qui pourrait avoir de graves répercussions sociales et sanitaires.
Dans une situation où les citoyens sont littéralement noyés sous les interdictions et les prescriptions, dans l'effort collectif et individuel pour atténuer le risque de contagion, nous n'avons lu nulle part la disposition la plus élémentaire en matière de santé et d'hygiène : l'accès à l'eau pour tous et toutes.
Dans toute l'Italie, les responsables des services des eaux mettent en œuvre, avec des nuances diverses, la pratique de la coupure d’eau en cas de fraude ou d'autres irrégularités telles que celles identifiées par le tristement célèbre article 5 du décret Lupi qui refuse l'accès aux services publics essentiels, y compris l'eau, à ceux qui sont obligés de squatter pour se loger.
C'est une violation d'un droit de l'homme encore plus odieuse et dangereuse pour la santé publique dans le contexte actuel, où la première règle rappelée par tous est précisément l'hygiène.
Nous demandons donc la suspension de toutes les procédures de coupure d’eau : parce qu'il est aujourd'hui encore plus nécessaire de garantir par une réglementation spécifique la disponibilité de l’eau pour tou-te-s, qu'ils aient ou non des arriérés de paiement de facture.
Une mesure prise dans une situation d'urgence, mais qui, nous l'espérons, pourra être traitée de manière générale en relançant le débat sur la loi publique sur l'eau qui est bloquée depuis des mois, sans véritables raisons, au sein de la commission de l'environnement de la chambre des députés.
C'est aussi à la suite de l’augmentation des tarifs que des milliers de ménages ne peuvent plus payer leur accès à l’eau potable et que des profits élevés ont été garantis aux opérateurs. Cette mesure doit donc être mise en œuvre sans argent public, mais comme une contribution des opérateurs à la situation d'urgence.
Il s'agit en fait d'une mesure utile pour limiter l’épidémie, et qui permet également d'éviter de peser sur un système de santé qui a déjà fait ses preuves malgré des années de sous-investissement.
Nous demandons au gouvernement et à toutes les forces politiques d'agir car nous sommes convaincus que si l'eau est un droit reconnu par l'ONU, ce ne sont pas les instruments du marché qui doivent se charger des modalités de sa gestion.
#stopdistacchi
#acquapubblica