Le gouvernement grec a des dettes, le gouvernement grec "régule" !

EYDAP

Désirant vendre EYDAP bon marché, le gouvernement grec est en train d'essayer de supprimer plus de 700 millions d'euros de dettes à l'entreprise. Le conseil d'administration de l'entreprise (contrôlé majoritairement par le gouvernement) abordera cette question dans la réunion des actionnaires (qui doit se tenir en octobre). De cette manière, la valeur de l'entreprise sera diminuée de la somme ci-dessus, la valeur de ses actions diminuera et les acheteurs potentiels pourront l'acquérir pour des queues de cerise.

un article de Argyris Demertzis publié dans le journal grec Eleytherotypia explique l'opération

Le gouvernement grec afin de diminuer la valeur d'EYDAP sur le marché, est prêt à supprimer plus de 700 millions d'euros d'euros de dettes à l'entreprise, rendant ainsi son acquisition par des investisseurs plus facile. Parallèlement, les sommes dues par plusieurs municipalités à EYDAP seront payées par l'Etat; de cette manière, les citoyens auront payé deux fois, puisque les sommes qui doivent être réglées par les impôts ont déjà étaient payées (aux municipalités) par les usagers de l'eau et de l'assainissement.

Le PDG de EYDAP (Antonis Vartholomaios, qui ne se préoccupe apparemment pas de son passif pénal) a déjà essayé de forcer le CA à supprimer les dettes de l'Etat à l'entreprise mais il a échoué jusqu'à présent. Du fait de la résistance de plusieurs membres du CA, la question sera abordée dans une réunion extraordinaire des actionnaires. Les membres du CA qui se sont opposés sont les représentants des banques et des syndicats ainsi que le représentant de TAIPED (Hellenic Republic Asset Development Fund). Le PDG a été obligé d'organiser une autre réunion où il fera probablement une proposition identique. En attendant, le gouvernement a soumis un acte devant être discuté et voté par le Parlement dans lequel toutes les dettes de l'Etat à EYDAP à partir de 1999 seront supprimées.

Le Memorandum des obligations de l'Etat

Selon l'article de loi L 4179/2013, l'Etat grec doit payer tout ce qu'il doit à EYDAP et EYATH avant que ces entreprises soient privatisées. Les dettes à EYDAP (la prestation de services ainsi que les investissements et l'entretien du réseau) se montent à 1,05 milliard d'euros. Sur ce montant, 350 millions d'euros ont déjà étaient approuvés lors de réunions des actionnaires et pris en compte dans la comptabilité, l'Etat n'ayant jamais fait aucune objection (il ne le peut pas bien sûr) pour le reste de ses dettes.

Le gouvernement essaie de ne payer que 350 millions d'euros et de supprimer le reste des dettes. Il est aidé dans cette tâche par le PDG de l'entreprise qui, après avoir échoué à forcer le CA à prendre cette décision, va renvoyer la question devant les actionnaires. Actuellement, la majorité des actions (61,33%) appartient à l'Etat grec. Cela signifie simplement que le débiteur d'une entreprise décidera de combien et quand il paiera ses dettes. Et TAIPED qui a pour rôle de vendre les actions de l'entreprise au prix le plus élevé possible acceptera d'abaisser la valeur de l'entreprise d'au moins 700 millions d'euros. Notons que le représentant de TAIPED dans le CA a exprimé sa préoccupation et n'a pas encore accepté cette opération. 

Les dettes des municipalités

Les dettes des municipalités à EYDAP (via l'article 52 de la loi L 4186/2013, qui traite des questions de l'éducation!) ont été fixées à 160 millions d'euros, alors que plus de 200 millions d'euros d'intérêts et de pénalités ont été supprimés. Ces sommes ont cependant déjà été collectées par les municipalités auprès des citoyens usagers (et toutes dépensées pour autres choses) et seront maintenant payées par l'Etat à partir des impôts prélevés sur ces mêmes citoyens.