Une remunicipalisation frauduleuse à Berlin

Derniers développements au parlement de la ville de Berlin qui ont eu lieu ce jeudi 25 octobre 2012.

La coalition SPD/CDU a accepté le rachat des 24,9% d’actifs de RWE dans la compagnie des eaux de Berlin pour 654 millions d’euros, alors que RWE a déjà amorti plus que la somme qu’il a payée en 1999. Ce prix élevé est basé sur une estimation du profit de RWE pour les 16 prochaines années jusqu’en 2028. Mais ce n’est rien comparé au termes du nouveau contrat avec l’autre partenaire privé, Veolia, qui, autant que nous le sachions, est signé pour 30 années supplémentaires.

Faisons un rapide retour en arrière. En 1999, la même coalition (SPD/CDU) vendait 49,1% de la compagnie des eaux de Berlin à Veolia et RWE (Thames Water) dans des conditions considérées par la cour constitutionnelle de Berlin comme partiellement en contravention avec la constitution allemande. Ceci entraînait la création d’un collectif de citoyens appelé Berliner Wassertisch. En 2006, ce collectif démarrait un référendum ayant pour objectifs la publication du contrat jusqu’alors secret et son annulation. En février 2011, ce référendum était gagné grâce au vote de 666000 citoyens.

L’annulation du contrat était de loin l’option la moins coûteuse, et elle aurait pu déboucher sur une gestion de l’eau beaucoup plus démocratique demandée par la population de Berlin. Mais plutôt que de suivre cette voie, le gouvernement de la ville de Berlin a pris le chemin non-démocratique et très coûteux décrit ci-dessus.

Autant que la Berliner Wassertisch le sache, le contrat avec Veolia serait renégocié pour à nouveau 30 ans avec les mêmes termes et conditions que précédemment. Bien que Berlin possèdera désormais 75,1% des actifs, la gestion de la société sera entre les mains de Veolia une fois de plus (même si cette entreprise a seulement 24,9% d’actifs). Veolia sera aussi assuré d’un profit garanti, et donc le déséquilibre entre les actionnaires public et privé continuera au détriment des consommateurs d’eau de Berlin. L’ensemble se fera sous un contrat (commercial) privé, de telle sorte que le secret sera à nouveau préservé, en dépit du référendum victorieux de 2011.

Tout cela a peu de choses à voir avec la remunicipalisation, même si c’est le terme officiellement utilisé par le gouvernement, et c’est très éloigné de notre objectif d’une remunicipalisation démocratique basée sur la participation de la population.

La Berliner Wassertisch entend combattre cette frauduleuse remunicipalisation par tous les moyens de résistance dont elle dispose, y compris un autre référendum. La première étape sera d’informer les militants de l’eau de cette fraude, sachant que ce modèle de Berlin sera inévitablement copié par d’autres. Nous passerons aussi l’information auprès des militants internationaux de l’eau afin de discréditer le gouvernement de Berlin.

Dorothea Haerlin, membre de la Berliner Wassertisch