Adieu aux glaciers
Massif des écrins, 24 novembre 2014.
Nous sommes contents ce 24 novembre, il fait enfin froid, vraiment froid, un bon froid qui pique comme nous l'aimons, nous montons au glacier blanc...
Nous montagnards, nous habitants de vallées de haute montagne, nous sommes venu dire adieu à l'ami, que vous allez condamner. Nous habitants du froid, nous aimons le blanc et la glace. Or, celle-ci fond toujours plus vite, même en novembre. Ce mois de novembre fut du jamais vu, ici.
Nos neiges sont maintenant aussi éternelles que nous et notre civilisation. Vous l'avez condamnée, vous dans vos bureaux climatisés de votre COP21. Vous qui pensez comme vos fauteuils, au lieu de penser comme des pères et des mères, comme des adultes. Vous qui trouvez 1000 milliards en une nuit pour sauver vos banques et vos rentiers. Vous les pyromanes qui se présentent comme des pompiers.
Nous n'irons pas dans votre capitale, elle manque de glace, de blanc et d'air pur pour nous, même si nous l'aimons aussi. Surtout, nous n'irons pas là-bas pour ne pas vous voir, vous qui discutez pour trouver 100 milliards pour le climat alors que vous trouvez 60 milliards par mois pour la finance. Cette finance sans limite qui a le culot de saluer le supplément d'argent qu'on lui accorde le lundi 16 novembre au milieu d'un carnage. Vos crimes climatiques comptent déjà des centaines de milliers de morts par an. Les crimes à venir seront les pires de l'histoire.
Il est temps de déclarer l'état d'urgence climatique. Pourtant les solutions existent, mais elles nécessitent de tout changer. Et pour tout changer nous devons commencer par notre finance, nos banques, nos rentiers. Entre leur finance et l'avenir, il y en a un de trop...
Pour toutes ces raisons et aussi parce que nous aimons la beauté de ces paysages que vous condamnez, nous avons préféré aller voir quelqu'un d'autre, nous sommes allez voir un condamné, un vieil ami de plusieurs centaines de milliers d'années, plus vieux que notre espèce humaine. Ce vieil ami est parti pour une agonie de quelques dizaines d'années. Nous sommes allés lui dire adieu et marquer de rouge dans la neige:
Si j'étais une banque, on m'aurait sauvé
Quelques montagnards.