Protestation contre les mini-centrales hydroélectriques à Belgrade: Nous refusons de céder nos rivières
Belgrade, 27 janvier 2019
Quatre mille personnes ont défilé le dimanche 27 janvier dans la capitale de la Serbie sous la bannière "Ne damo reke" ("Nous refusons de céder nos rivières"). Des gens sont venus de toutes les régions de Serbie pour exiger un moratoire immédiat sur la construction de mini-centrales hydroélectriques (MHP) par canal de dérivation. La plus grande manifestation écologique qui a jamais eu lieu dans ce pays a été organisée par l'initiative populaire "Odbranimo reke Stare planine" (Défendons les rivières des vieilles montagnes), une communauté toujours croissante qui communique et coordonne les activités par le biais d'un groupe public de Facebook comptant plus de 80 000 membres.
L’essentiel du soutien logistique est venu de quelques organisations basées à Belgrade engagées dans des luttes communautaires locales ainsi que d'initiatives de plaidoyer pour le droit humain à l'eau telles que notre initiative "Droit à l'eau". Le nombre d'organisations de la société civile engagées dans la lutte est en augmentation et les protestations ont reçu le soutien ouvert de professeurs d'université, de journalistes et d’artistes. Le soutien est également venu de l'étranger - Coalition pour la défense des rivières en Bosnie Herzégovine, European Water Movement, etc. - car cette lutte est d'autant plus importante que les MHP détruisent les rivières dans l'ensemble des Balkans. D'autre part, le gouvernement serbe reste silencieux, ce qui est la tactique habituelle à laquelle il a recours lorsqu'il est confronté à la question des MHP et de sa politique énergétique.
La manifestation a commencé par une minute de silence pour toutes les rivières anéanties par la poursuite effrénée des quotas d'énergie renouvelable.
Au cours des prises de paroles, les experts et les militants ont présenté de nombreux arguments contre les MHP concernant les menaces environnementales, telles que la modification des débits et la perte de biodiversité qui y est liée. Dans le contexte de la production d'énergie, la capacité conjointe de l'ensemble des 850 MHP dont la construction est prévue en Serbie ne suffirait qu'à couvrir 2 % des besoins énergétiques nationaux, accompagnés d'énormes dommages collatéraux aux débits environnementaux et à l'écosystème en général. La construction d'une MHP est moins coûteuse que celle d'autres formes de production d'électricité à partir de sources d'énergie renouvelables. De plus, l'État garantit le paiement d’un prix préférentiel pendant 12 ans (tarif de rachat d’électricité) de manière à permettre aux propriétaires privés d'investir dans la construction des MHP. Sachant que de tels projets sont très rentables, le risque de corruption potentielle est assez élevé et le prix de tout cela sera payé par les citoyens.
La manifestation a réussi à créer un puissant sentiment d'unité, en faisant le lien entre les luttes dispersées et isolées des petites communautés locales de Serbie, comme l'a souligné Jelena Drmanac, une militante locale d’un petit village de Serbie centrale.
L'initiative "Droit à l'eau" se compose d'individus et d'organisations et elle a pour origine le Sommet de gauche de Serbie, 7 revendications et l'Union social-démocrate.
Initiative "Right to Water" / Inicijativa "Pravo na vodu"
pravonavodu (at) gmail.com
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