Lumières et ombres de deux années de gestion publique de l'eau à Terrassa

Traduction en français d'un article du Salto Diario

En décembre 2020, cela fera deux ans que la société publique de gestion des eaux de Terrassa Taigua a pris le relais de la société privée MINA Aigües de Terrassa. Cependant, MINA maintient une partie de son influence par le biais de contrats et de services liés à l'eau, en vigueur aujourd'hui. Ni les délais de l'administration ni les réticences des mouvements sociaux à entrer dans l'institution n’ont permis de mener à son terme le processus de remunicipalisation de l'eau. La négociation de la création et de l'établissement des attributions de la société publique Terrassa Taigua et de l'Observatoire de l'eau de Terrassa n'a pas non plus été menée correctement avec le conseil municipal précédent.

En décembre 2019, à l'occasion de la première année de gestion publique de l'eau à Terrassa, l'adjointe au maire chargée du territoire et de la durabilité de la municipalité, Lluïsa Melgares, et le directeur de Terrassa Taigua, Ramon Vazquez, ont présenté les résultats des douze premiers mois : un million d'euros de bénéfices qui, pour la première fois en sept décennies, n'ont pas été distribués aux actionnaires d’une entreprise privée. Mais à quoi a servi l'argent gagné pendant la première année de gestion publique ? Principalement à maintenir, améliorer et réparer les pannes du réseau de distribution plutôt obsolète, comme annoncé à l'époque par la mairie. Les citoyens ont-ils pu décider d'une manière ou d'une autre à quoi cet argent devait servir ? La réponse est non.

Lire la suite...

COVID-19 : l’assainissement en première ligne

L’aggravation de la pandémie du Covid-19 place en première ligne les opérateurs de l’assainissement, régies publiques et entreprises privées, comme les très nombreuses entreprises sous-traitantes qui concourent à l’exercice d’un service public plus que jamais essentiel en cette période critique.

La France compte 21 000 stations d’épuration (STEP), mais rien de commun entre les gigantesques installations des grandes métropoles, dimensionnées pour traiter les eaux usées (et pluviales), de plusieurs centaines de milliers d’équivalent-habitants (EH), avant de les rejeter, après abattement partiel des divers polluants et virus pathogènes qu’elles contiennent, dans le milieu naturel (rivières et fleuves), et l’immense majorité de petites stations implantées en milieu rural et semi-urbain.

Ces dernières ne disposent pas d’un traitement de désinfection extrêmement poussé avant rejet dans le milieu naturel (UV, filtration membranaire…), mais de procédés plus rustiques, à l’efficacité parfois aléatoire, surtout si les infrastructures sont très anciennes, et que leur entretien est parfois sommaire.

Lire la suite...

L'eau ne doit pas être utilisée comme arme de guerre : il faut éviter les dommages civils et environnementaux dans le nord-est de la Syrie !

Traduction en français de la déclaration de Save the Tigris campaign
du 12 octobre 2019

Le 9 octobre, la Turquie a lancé une offensive militaire dans le nord-est de la Syrie. Un geste qui aura des conséquences désastreuses pour la région. Ce conflit armé aura un impact direct sur les populations, l'écosystème et la reconstruction post-conflit de la région. Les craintes d'une catastrophe humanitaire s'amplifient.

Lire la suite...

Les microplastiques sont-ils le prochain désastre sanitaire et environnemental ?

L’Union Européenne est actuellement engagée dans la rédaction de règlements et la révision de plusieurs directives dans le domaine de l’eau. Ce processus législatif va orienter pour les 30 ans à venir non seulement la politique de l’eau en Europe mais aussi celle de l’agriculture, de l’environnement et du climat. Or, le législateur est confronté à un défi inattendu et dont il a du mal aujourd’hui à évaluer l’ampleur : les micro-polluants émergents, et particulièrement les microplastiques.

D’OÙ VIENNENT-ILS ?

Les microplastiques ont une origine soit primaire, soit secondaire. Les microplastiques primaires sont des composants de produits utilisés en agriculture, en cosmétique, en pharmacie, en construction, en peinture, en agroalimentaire… Les microplastiques secondaires sont le résultat de la dégradation de déchets plastiques, d’emballages, de pneus, de vêtements… Cette dégradation mécanique, physico-chimique et même biologique libère non seulement des microplastiques mais aussi du carbone organique dissous (COD). Une étude de l’Institut méditerranéen d’océanographie et de l’Ifremer montre que les additifs plastiques comme les phtalates constituent une fraction importante de la pollution par le COD.

Plusieurs études récentes ont montré que les microplastiques étaient présents dans les eaux superficielles et souterraines utilisées pour la production d’eau potable, les eaux usées traitées et les boues résiduelles à la sortie des stations d’épuration, les eaux littorales et le fond des océans, mais aussi dans l’eau du robinet et l’eau en bouteille. Les microplastiques sont ingérés par de nombreux organismes vivants et se retrouvent dans l’ensemble de la chaîne alimentaire. Il faudra bien en tenir compte dans la révision des directives eau potable, traitement des eaux usées urbaines, dans le futur règlement sur les exigences minimales pour la réutilisation de l'eau, pour ne citer que ceux-là.

L’Union Européenne a du pain sur la planche. Elle doit convaincre les Etats membres d’adopter rapidement une définition unique et cohérente des microplastiques. Il faut également mettre au point des techniques fiables et bon marché pour détecter la présence de microplastiques et pour les éliminer pendant la potabilisation et l’épuration. A partir de là, les scientifiques devraient pouvoir déterminer la toxicité et la rémanence des microplastiques dans l’environnement beaucoup plus précisément qu’actuellement, et enfin le législateur devrait pouvoir adopter les mesures qui s’imposent. Nous en sommes encore loin.

Lire la suite sur le blog Alternatives Economiques de Jean Gadrey

L’aide suisse au développement, Nestlé et la privatisation de l’eau

En février dernier, le Gouvernement de la Suisse annonçait la création d’une fondation à Genève, nommée « Geneva Science and Diplomacy Anticipator » (GSDA). Le but de cette nouvelle fondation est de réguler les nouvelles technologies, depuis les drones jusqu’aux voitures automatiques en passant par l’ingénierie génétique, comme l’évoquait à titre d’exemples le ministre des Affaires Etrangères Suisse Ignazio Cassis lors du lancement public de cette initiative.

Selon M. Ignazio Cassis, les nouvelles technologies se développent très rapidement et cette fondation doit « anticiper » les conséquences de ces avancées sur les plans politique et sociétal. La GSDA se veut également un pont entre les communautés scientifiques et diplomatiques, d’où son emplacement stratégique à Genève, qui accueille déjà plusieurs organisations internationales, de l’ONU à l’OMC.

Le Département suisse des affaires étrangères contribuera à hauteur de 3 millions de francs suisses -l’équivalent d’un peu plus de 3 millions de dollars- à la Fondation dans sa phase initiale entre 2019 et 2022. La ville et le canton de Genève contribueront chacun avec 300 000 FS durant la même période et des contributions privées sont également attendues. L’ancien PDG de Nestlé, Peter Brabeck-Letmathe a été choisi pour présider cette nouvelle fondation. Le vice-président en sera Patrick Aebischer, l’ancien président de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). Patrick Aebischer a également été membre du Comité de Pilotage des Sciences de la Santé de Nestlé depuis 2015, comité fondé en 2011 par Nestlé et hébergé sur le campus de l’EPFL.

Lire la suite...

Menace sur le «cœur bleu de l’Europe»

La région verdoyante de Përmet, en Albanie, qui tente de développer un tourisme doux, est visé par un grand projet hydroélectrique. Une aberration écologique et économique, selon des habitants.

C’est l’un des derniers fleuves sauvages d’Europe, mais pour combien de temps encore? La Vjosa, qui coule entre les montagnes grecques et albanaises, pourrait bientôt être couverte de barrages. Les autorités de Tirana misent beaucoup sur l’énergie électrique pour développer le pays, peu industrialisé et miné par le chômage. Une stratégie qui inquiète la région de Përmet où l’on veut continuer d’attirer les touristes grâce à un environnement préservé.

«Hormis la mer, nous avons tout.» Voilà ce qu’annonce fièrement le grand panneau placé à l’entrée de Përmet. Au-dessus, se découpent les silhouettes des hauts sommets qui surplombent la petite ville du sud de l’Albanie. Le joyau de Përmet, c’est la Vjosa, un fleuve qui prend sa source en Grèce sous le nom d’Aoos et dévale les montagnes du Pinde avant de se jeter 270 km plus loin, à Vlorë, dans les eaux de l’Adriatique. Mais ce bijou naturel, l’un des derniers cours d’eau «sauvages» d’Europe, c’est-à-dire non transformé par l’homme, est menacé. Le gouvernement de Tirana prévoit la construction de huit barrages et de 23 minicentrales hydroélectriques sur son bassin versant.

Lire la suite sur le site web du Courrier